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Un petit coin de Turquie pour un petit coin de viennoiserie.

Kent est le restaurant turc le plus prisé de Vienne, pour ne pas oublier de parler de l'art culinaire dans ce reportage, nous nous y sommes rendu. Son fondateur Hüseyin Tütüncü, est un exemple d'intégration à l'autrichienne. Aujourd'hui presque toute sa famille travaille dans la petite affaire familiale devenue grande. Son fils René gère un des trois restaurants. Rencontre avec un enfant de la deuxième génération des turcs d'Autriche.

En 1990, Hüseyin Tütüncü ouvre son premier restaurant Kent, à Brunnengasse rue cosmopolite de Vienne reconnue pour son marché multiculturel. Parti de Turquie pour venir chercher l’el dorado à Vienne en 1973.  Depuis, « l’Austrian dream » a sourit à cet ancien berger de Trabzon, sa ville natale située au bord de la mer Noire. Ses trois restaurants témoignent de son succès. Avec un peu plus de cent employés, ils peuvent servir jusqu’à environ 500 couverts, une véritable usine de l’art culinaire turc. Rien à voir avec le sens originel du mot « kent » qui en Turquie, est un bistro. Affichant fièrement sur les murs du restaurant, les articles parus dans les journaux nationaux, les restaurants Kent sont considérés en Autriche comme les meilleurs du pays. L’épicurien y trouve l’ensemble de la gastronomie turque dont le fameux Doner Kebab a fait sa réputation. Alors qu’en France le prix du célèbre sandwich turc coûte 5 euros en moyenne (4 euros il y a quelques années), au Kent il ne suffit que de 3 euros (son prix varie entre 2,50 et 3 euros en Autriche) pour déguster un authentique kebab dont le goût surclasse celui de n’importe quel snack.

« Certains ne voient pas d’un bon œil tout ce mélange culturel »

René, quatrième enfant de la famille, est à l’âge de 28 ans le gérant d’un des trois restaurants. L’affaire familiale semble se transmettre de père en fils. Toute la famille ou presque y travaille. Solidarité communautaire oblige, la majorité des salariés de la chaîne de restaurants sont d’origine turque.
Né d’une famille Austro-turque, marié à une autrichienne issue d’un mariage italo-autrichien et père de deux enfants, Rene Tütüncü, peut se targuer d’en connaître un rayon en matière de mixité culturelle. « Nos restaurants sont situés dans un quartier très fréquenté par la communauté turque mais pas que ». Des indiens (Sikhs notamment) et des africains se côtoient autour du marché de Brunnengasse*.  Entre les autrichiens « pures souches », les austro-turques et les touristes, la clientèle du restaurant est, elle aussi, très diverse. René ne cache pas sa fierté pour son héritage autrichien et turc. « Moi, je crois en une société mélangée, vivant en harmonie. Cependant, certains compatriotes austro-turcs trouvent que notre famille par exemple, est trop diversifiée au niveau culturel ».

Les trois restaurants de la chaîne Kent ont une capacité de 500 couverts! 

René Tütüncü dans son restaurant au 67 Brunnengasse.​

" Je pense et j'espère que les années Haider sont du passé "

A cela s’ajoute le contexte sociopolitique en matière de discrimination, qui certes a bien changé depuis 2007. « Il y a encore quelques personnes qui n’aiment pas les turcs mais qui en même temps passent leur vacances en Turquie » explique René. « Mais la situation s’est améliorée depuis plusieurs années ». Même si l’histoire autrichienne aime rappeler que l’Autriche a vaincu « le péril turc », de nos jours, les deux anciens meilleurs ennemis se plaisent parfois à plaisanter sur leur histoire commune à l’instar des français et des anglais avec la guerre de cent ans. « L’autre jour, un client m’a dit en rigolant, " vous êtes la troisième invasion turque et cette fois-ci on ne peut rien y faire ". Moi, je trouve ça marrant », explique-t-il en souriant.
Les anciens conflits d’hier sont aujourd’hui, les sujets de plaisanteries, un véritable pied de nez au passéisme et au conservatisme.


*- Turkish delight (délice turc) : nom anglo-saxon des pâtisseries et confiseries turques.

- Gasse : rue en allemand.

Site : kent-restaurant.at

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