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Serge Desroches: Un danseur américain européanisé

Danseur à l’opéra de Graz, Serge Desroches 25 ans, est un new yorkais d’origine haïtienne. Après avoir baroudé dans l’Europe germanophone en travaillant pour diverses compagnies, en 2008 il décide de s'installer en Autriche, sa deuxième maison.

Originaire du Queens à New York, il se découvre une passion pour la danse classique et moderne en voyant les performances de la compagnie originaire de Chicago, Deeply rooted. Il décide de faire de la danse son métier, à l’âge de 15 ans, entretenant ainsi une tradition familiale motivée par le besoin d’expression corporelle, transmis par sa mère, danseuse de salsa. Diplômé de La Guardia High School, aujourd’hui c’est sur les planches de l’Oper Graz que ce danseur jovial et modeste, transmet son énergie et sa passion aux amateurs d’opéra.

S'exprimer, c'est d'ailleurs sur les compositions de Jean Sebastien Bach ou celles plus moderne, de Philippe Glass qu'il dit prendre le plus de plaisir. Sur ces mélodies, il entre « en harmonie pour ne faire de la danse et de la musique qu’un seul et même ensemble ». Du fait de ses origines, l’artiste considère qu’il apporte de nouvelles perspectives à la danse de ballet, pas seulement au niveau visuel mais aussi par les sentiments qu'il extériorise à travers ses mouvements.

« Aujourd’hui en Autriche, je me sens être un individu parmi d’autres »

Les danseurs et danseuses noir(e)s étant rares dans le milieu de la danse d’opéra, il n’a pas toujours été facile pour Serge Desroches de se faire accepter. « Parfois quelques enseignants me regardaient d’un air perplexe à mes débuts. Mais aujourd’hui je fais parti d’une compagnie très mélangée au niveau internationale puisqu’il y a des danseurs originaires d’Amérique latine et d’Asie par exemple ».
En matière d’intégration dans la société autrichienne, Serge explique ses difficultés au début à être admis, en dehors du monde de la danse de ballet, dans son "pays d'adoption". « Tout dépend de la région où on se trouve. Si certains coins de l’Autriche sont un peu plus conservateurs que d’autres, aujourd’hui ça va beaucoup mieux, en ce qui me concerne. Je me sens être un individu parmi d’autres ». Multi-culturellement parlant, Graz témoigne de sa particularité dans ce domaine, au regard de sa proximité avec la frontière des pays d’ex-Yougoslavie et sa population estudiantine (40 000 étudiants). «Un tel contexte est plus favorable à l’intégration des étrangers sans pour autant faire disparaître complètement, les problèmes évoqués ». Danseur également, à Riga en Lettonie à mi-temps depuis cette année, Serge explique ressentir plus de défiance envers les gens de couleur dans ce pays qu’en Autriche. « Par rapport à la France ou le Royaume-Uni, la tradition multiculturelle n’est pas la même en Autriche et en Lettonie. Elle est beaucoup plus récente et j’imagine qu’il faut laisser le temps aux gens de s’adapter. Les nouvelles générations feront le reste ».

Convaincu qu’à travers son art et ses origines, il transmet un message positif dont « la réceptivité se ressent dans le public», il avoue ne pas s'inquiéter quant à l'avenir du pays en matière de "vivre ensemble". « Personnellement, je crois que l’art et la culture peuvent faire tomber ces murs que sont le racisme et la peur de l’autre ». Réel moteur pour la société en générale, ce phénomène qui opère auprès du milieu artistique et du public autrichiens, s’étend lentement mais sûrement.

Serge Desroches n’en a pas fini avec l’Europe. Bien décidé à poursuivre sa carrière sur le vieux continent. « J’aime ce coin de la planète et je me sens un peu européen à vrai dire ». Le " home sweet home " devra donc, attendre encore un peu...

Liens:

- Site de l'opéra de Graz

Face au Schlossberg, Serge Desroches pose le temps d'une photo sur le rooftop bar du centre commercial Kastner & Öhler.

Serge Desroches et les célèbres toitures de Graz en arrière-plan.

Serge Desroches dasn Ego! d'Andrea Bibolotti

Ecoutez Serge expliquer comment ses origines apportent une certaine originalité à son art.

Dans cet extrait, il explique son intégration au sein de la société autrichienne.

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