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Robert Kisbedo, informaticien et musicien: « Fier d’être austro-burkinabais »

Rencontré dans son HLM de la banlieue nord de Vienne à Rennbahnweg, Robert Kisbedo est un analyste en télécommunication et informatique économique et un incurable joueur de djembé. Originaire du Burkina Fasso et installé en Autriche depuis 1993 suite à un projet austro-burkinabé de formation de professeurs africains. Après ce séjour, il décide de s’installer définitivement dans la capitale autrichienne. Père de deux enfants, il est marié à une autrichienne et a obtenu depuis, la nationalité autrichienne. « Aujourd’hui je me sens à moitié autrichien et à moitié burkinabé » dit-il fièrement.

A côté de son activité auprès de l’entreprise Wien IT, entreprise publique chargée de la fourniture d’autres sociétés en logiciels informatiques, il consacre une partie de son temps à son association burkinabaise. L’ARBA (association des ressortissants burkinabé en Autriche) dont il est membre, poursuit le but d’aider des concitoyens burkinabés à s’intégrer, à réaliser leurs projets professionnels et à promouvoir la culture burkinabaise en Autriche. Composée d’environ cinquante membres, l’organisation regroupe en majorité des africains mais aussi des locaux. En plus des réunions internes, des concerts, des ateliers ou encore des débats sont mis en œuvres pour ouvrir le dialogue et l’intercompréhension. Les activités de l’association reçoivent d’après R. Kisbedo, toujours des retours positifs de la part des autrichiens et autres individus, ravis de découvrir les secrets de sa culture. «On le voit à travers les expositions ou les autres événements culturels que l’on organise à Vienne. Beaucoup d’autrichiens nous témoignent leur intérêt ». Ces évènements ne se cantonnent pas uniquement à la promotion d’une seule culture. « Parfois, des rencontres interethniques sont souvent organisées avec les associations d’autres communautés » ajoute-t-il.

Robert Kisbedo dans les locaux de l'association de la co-propriété, avec Fernand Kreff, représentant de l'entreprise Wohnpartner spécialisée dans la médiation dans les HLM viennois.

« S’intégrer sans oublier d’où l’on vient »

 

Les principales préoccupations des burkinabés et des africains en général, sont la discrimination. «Malheureusement un noir est encore aujourd’hui plus stigmatisé qu’un blanc à cause de cette différence de couleur », explique-t-il. « Ce problème n’est pas intrinsèque à l’Autriche mais l’acceptation des immigrés ici, n’est pas la même qu’en France ou au Royaume-Uni ». Mais si la question est toujours bien présente, les autorités comme la mairie de Vienne, font « de plus en plus d’efforts » pour aider ses concitoyens naturalisés et les immigrés en leur donnant la possibilité et des moyens d’organiser des évènements où ils se rassemblent et exposent leur culture.
« Malgré la bêtise de certaines personnes, cela ne m’empêche pas d’être fier de mon double héritage burkinabais et autrichien. Les efforts doivent être fait des deux côtés que ce soit chez les immigrés pour s’intégrer au mieux et aux autrichiens en acceptant ceux qui souhaitent devenir leurs concitoyens ».
L’art permet entre autre, d’abattre les frontières de « l’ignorance et de la haine »  pour laisser place à la curiosité intellectuelle. Le rôle de la culture comme moteur du dialogue social est un élément indispensable pour Robert Kisbedo et tous ceux qui partagent son point de vue.
Quant à savoir si les générations à venir évoluent mieux que leurs aînés dans l’acceptation de l’autre, il approuve et avoue miser grandement sur la jeunesse. « Les esprits changent. Les enfants d'origine indo-européenne sont de plus en plus habitués à partager leur espace de jeu et d’apprentissage avec les jeunes issus de l’immigration. Tout ça conduit à créer une société de la diversité en Autriche dont les acquis ne pourrons plus être remis en question, une fois installés ».

Notes :


Les quartiers populaires de Rennbahnweg sont connus pour leur brassage culturel. En son sein, autrichiens d’origines ou non, vivent ensemble et sont répartis de manière à éviter le communautarisme. L’organisme municipal Wohnpartner créé en 2010 est chargé du bien-être de ces habitants en endossant le rôle de médiateur lors de conflits de voisinage.

Wohnpartner est un organisme publique initié par la mairie de Vienne en 2010. Les employés sont chargés de renouer le dialogue entre les habitants des HLM dans le cas de conflits de paliers. Avec un effectif capable de parler 19 langues différentes, les médiateurs de Wohnpartner peuvent faire face à de multiples situations en cas d’incompréhension lié notamment à la barrière de la langue entre résidents.

Pour en savoir plus:

www.kisbedo.com

Fernand Kreff : co-auteur du dictionnaire de la mondialisation (Lexikon der Globalisierung) - 2011, Reihe Global Studies

 

Ecoutez comment Robert perçoit la politique d'immigration de l'Autriche, selon lui trop restrictive.

Il compte énormément sur les jeunes générations pour fonder une société autrichienne multiculturelle à part entière.

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