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L’Autriche au pluriel: un  voyage dans le melting-pot artistique autrichien 

Si une certaine discrimination est toujours présente en Autriche au même titre qu’en France ou ailleurs dans le monde, certains visent à promouvoir un multiculturalisme à l’autrichienne. C’est le cas de l’Institut Afro-asiatique de Graz dont la mission n’est pas seulement de procurer un logement et une aide financière aux étudiants étrangers dans le besoin. Selon Claudia Unger, directrice de l’institut, « nous sommes avant tout dans une démarche de mise en valeur de diverses cultures au travers d’évènements et activités culturels dont le Multikulti Ball (Bal multiculturel) est le point d’orgue ».
L’expérience vécue à l’étranger contribue aussi à cette ouverture d'esprit comme dans le cas du crooner Louie Austeen devenu artiste incontournable de la scène électro autrichienne. « Le fait de vivre en Australie, en Afrique du sud ou encore aux Etats-Unis a contribué à façonner ma personnalité et m’a inspiré dans mon art et peut-être encouragé indirectement à passer du jazz à l’électro même si je n’ai pas renoncé au premier ».​

 

La culture autrichienne pérennisée par des "étrangers"

En parallèle à ce développement interculturel, des autrichiens issus de l’immigration pérennisent les traditions culturelles de ce pays comme pour montrer que la préservation de l’héritage culturel n’empêche pas l’ouverture vers d’autre courants culturels. C’est le cas de Chia Tyan Yang, pianiste d’origine taïwanaise, devenue une ambassadrice de la musique classique autrichienne à travers ses interprétations qu’elle donne dans le monde entier. « Il a été difficile au début de me faire accepter et reconnaître auprès du public autrichien car certains d’entre eux étaient sceptiques à l’idée de voir une asiatique jouer du Mozart ou du Strauss ». Dans une démarche similaire, il faut citer le cas de Serge Desroches danseur à l’opéra de Graz et d’origine américano-haïtienne. L’opéra de Graz dont il fait parti et qui est composé de divers danseurs internationaux venant de France, des Philippines ou encore d’Amérique latine, vise aussi à montrer que le monde de la danse de ballet autrichien n’est pas si conservateur que l’on ne pourrait l’imaginer.

Accoutumer les esprits avec le multiculturalisme est une chose et intégrer les nouveaux arrivants à la société autrichienne en est une autre. C’est le but que poursuivent des associations comme Intercultural impulse et Hoffnung für Afrika (Espoir pour l’Afrique). Situées à Graz, ces organismes ont été fondés par Mary Holbling et Veada Stoff d’origines nigériane pour la première et noire-américaine pour la seconde. Elles ont toutes deux été naturalisées autrichiennes il y a plus de dix ans. En plus, de mettre en avant les cultures africaines à travers des expositions ou des concerts et des récoltes de fonds pour soutenir des projets humanitaires en Afrique, ces organisations encouragent leurs participants à s’intégrer à travers des lectures ouvertes en allemand, ou encore des tables rondes ou divers sujets sont abordés mais où le but est de donner la parole.

Rendre le multiculturalisme banal

L’effort de compréhension d’autrui devant être opéré d’un côté comme de l’autre, cette question est devenu caduque pour certains dans le sens où le vivre ensemble, peu importe d’où l’on vient, est devenue une évidence. Le groupe Fatima Spar & the French Fries est l’exemple type. Composé de musiciens venant d’Autriche, Turquie, Croatie, Etats-Unis, Ukraine, Irlande, Serbie ou encore Bulgarie, le collectif n’a pourtant « jamais recherché à représenter quelconque image idyllique de multiculturalisme » comme l’explique Fatima Spar la chanteuse du groupe. « Nous nous sommes rencontrés et la mayonnaise a pris entre nous. L’idée n’etait pas de dire que "vous voyez c’est possible" mais les gens l’ont interprété comme tel. Pourquoi pas? On a pris conscience que l’on représentait quelque chose de fort mais pour nous, le vivre ensemble interculturel est naturel ». C’est la raison pour laquelle ils ne se considèrent pas comme des apôtres du multiculturalisme.

La récente mixité culturelle de l’Autriche témoigne d’une créativité infinie au niveau artistique mais il est difficile aujourd’hui de dire qu’un style culturel bien identifié soit né de ce brassage en Autriche. Cependant, des groupes musicaux comme Mozuluart tentent de marier avec succès la musique classique autrichienne en l’occurrence celle de Mozart avec des mélodies traditionnelles Zulu.
En plus de rapprocher les individus, ce type de mélange est probablement la meilleure méthode pour préserver de l’oubli, le patrimoine culturel.

* Lire l’article de Geopolis consacré aux partis d’extrêmes droites autrichiennes(www.francetv.fr/geopolis/lextreme-droite-troisieme-force-politique-en-autriche)

autriche

Les transposrts viennois, premiers lieux du brassage culturel autrichien

Le marché de Brunnengasse, le plus multiculturel du pays

L’Autriche est un pays à la tradition multiculturelle ancienne au vu de son passé. Pourtant, les récentes vagues d’immigration suite à la chute de l’URSS ou en provenance d’Afrique ont fait apparaître une certaine défiance de la part d’une partie des autrichiens envers ces nouveaux arrivants. A l’approche des prochaines élections législatives de 2013, le FPÖ parti d’extrême droite, reste très influent avec des sondages lui donnant plus de 20% d’intentions de vote*. Face à une telle situation, les minorités ethniques vivant en Autriche s’inquiètent quant à l’avenir politique et social du pays. Malgré cela, la société autrichienne a pris conscience de sa diversité culturelle et y reste ouverte comme en témoigne la scène artistique métissée qui la compose.

Discrimination sans frontière

Comme dans les différents lieux où nous les avons rencontré, local de sous-sol d’une banlieue viennoise, rooftop branché ou encore dans une église évangélique, les acteurs de la vie multiculturelle autrichienne proviennent de milieux divers (autrichien "de souche" ou immigré fraîchement débarqué). Acceptés mais pas complètement, il y a encore un goût d’inachevé dans l’intégration des "minorités visibles" en Autriche. « Nous sommes des citoyens mais nous avons du mal à être identifiés comme tel auprès de certains de nos congénères d’origine indo-européenne » selon Robert Kisbedo, membre de l’association burkinabaise, l’ARBA (association des ressortissants burkinabé en Autriche). Mais, le problème se retrouve aussi du côté des immigrés comme le souligne René Tütüncü gérant d’un des fameux restaurants turcs de la chaîne Kent située à Vienne. « Je suis d’origine austro-turque et mes enfants d’origine austro-italiano-turque. En matière de multiculturalisme on ne peut pas faire mieux, mais certaines personnes de la communauté turque nous reprochent d’être trop mélangés et d’avoir perdu une forme d’identité ce qui est faux bien-sûr », explique-t-il. « Le racisme n’a pas de frontière, ni de couleur, ni de religion, il est partout et même ceux qui le subissent le font subir aux autres », comme le souligne Mary Holbling cinéaste amateur d’origine austro-nigériane.​

 

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