Chia Tyan Yang - pianiste: « Je veux rendre à l’Autriche ce qu’elle m'a donné»
Chia Tyan Yang est une pianiste austro-taïwanaise installée à Graz depuis 1992. Membre du duo Young Music, elle est aussi professeur de musique et de taïwanais. Hasard des choses, nous l'avons rencontré dans un bar à thés aromatisés, mode venant de son pays d'origine lui-même.
Contraint par ses parents, Chia-Tyan Yang est arrivé à Graz, en Autriche en 1992 à l’âge de treize ans pour suivre des cours de piano intensifs à côté du cursus scolaire normal. Etant « très répandu dans la culture taïwanaise d’envoyer son enfant étudier à l’étranger » et l’Autriche étant considérée dans le monde entier comme le pays de la musique classique, « c’est la raison pour laquelle mes parents ont choisi cette destination », explique-t-elle.
Du statut d’immigré à celui d’ambassadrice
L’intégration dans le petit monde conservateur de la musique classique ne fût également, pas une tâche aisée. « Les autrichiens sont très fier de leur culture et de leur histoire et ils ont raison. Cependant, il était difficile de leur faire accepter le fait qu’une taïwanaise puisse jouer les répertoires des grands compositeurs nationaux ».
Mais ce contexte n’a pas convaincu Chia Tyan de rentrer dans son pays d’origine. « J’ai voulu rester car je veux rendre à ce pays ce qu’il m’a donné à travers l’éducation que j’ai reçue ici ».
Aujourd’hui, c’est l’Autriche qui lui rend hommage. L’organisme Zusammen Österreich (L’Autriche ensemble) a gratifié au printemps 2012, Chia-Tyan Yang du titre « d’ambassadrice à l’intégration » dont le but est de promouvoir la diversité culturelle du pays auprès des scolaires. « Les mentalités changent lentement mais sûrement. Il y a plus d’ouverture notamment grâce à des évènements multiculturels comme le Multikulti Ball ».
Après 20 ans de résidence en Autriche, Chia-Tyan Yang est devenue une artiste reconnue et se rend régulièrement à l’étranger pour y donner des représentations avec son amie Petra Music et leur duo Young Music. Et comme pour compléter ce parcours atypique, Chia-Tyan Yang s’apprête à se marier avec un autrichien prouvant une fois de plus, la réussite du métissage en Autriche.
Liens:
Ian Clarke Sunstreams par Young Music
Chia Tyan nous explique ici, toutes les difficultés qu'elle a eu pour obtenir la nationalité autrichienne.
D'après elle la perception des immigrés change dans l'esprit des autrichiens de "souche" comme en témoigne l'intérêt porté sur le Multikulti Ball, l'évènement multiculturel de Graz.
« Vous ne pourrez jamais être une autrichienne »
Ses premières années n’ont pas été faciles. La barrière de la langue et la discrimination furent les principaux obstacles. « Je me suis senti très seule parfois et je devais faire face aux railleries de mes camarades ». Mais comme une revanche sur les difficultés endurées durant sa scolarité, elle a pendant quatre ans, enseigné dans son ancienne école. Après plus de dix ans passés dans ce pays et une intégration parfaite, l’obtention de la nationalité n’a pas été une étape facile dans le parcours de la pianiste. « Lorsque j’ai effectué une première demande en 2006, l’administration m’a fait comprendre que je ne pourrais jamais devenir autrichienne. Mais il se trouve qu’ils n’avaient pas lu mon CV. C’est par la suite qu’ils ont réalisé qui j’étais réellement. En 2007, enfin, j’ai obtenu la naturalisation mais ce fût dur », explique-t-elle avec du recul.